Etat des lieux
Cet article explique que les bonus de Wall Street ont augmenté de 17% pour l’année 2009, comparé à 2008, mais qu’ils sont encore un tiers inférieur à ceux de 2007. Les banquiers ont donc touché 20 milliards au titre de 2009, contre 17 milliards pour 2008 et environ 30 milliards pour 2007. Le journal note qu’en plus, la suppression de 26 000 postes fait que chaque banquier a touché 123 000 dollars. Une simple règle de trois permet de déduire qu’en 2007, la prime était de 160 000 dollars par personne.
Bizarrement, mais c’est peut-être un effet de lassitude, personne ne révèle plusieurs informations cruciales. En effet, alors que les marchés se sont effondrés d’environ 50% en 2008, que l’économie mondiale était au bord de l’asphyxie, aux prises avec la crise la plus grave depuis 80 ans, et que les banques ne devaient leur survie qu’à l’injection massive d’argent public, les banquiers de Wall Street n’ont pas hésité à se distribuer la bagatelle de 17 milliards de dollars de bonus au titre de cette année 2008 !
Mais que fait la police ?
Cette information est proprement hallucinante et justifie les déclarations enflammées de tous les dirigeants de la planète qui dénoncent les pratiques immorales de la finance, à Paris, Londres ou Washington. Malheureusement, on ne peut que constater l’écart entre le geste et la parole. Ce ne sont que des mesurettes qui touchent les banquiers alors qu’une taxation à 90% des bonus 2008 et 2009 devrait être imposée étant données les circonstances (voir une séance de rattrapage pour 2007).
Rien, absolument rien ne justifie que les banquiers ne touchent le moindre centime de bonus au titre de 2008 et 2009. Les marchés se sont effondrés sur la première des deux années et les banques ne doivent leur survie qu’à l’intervention de l’Etat. Pourquoi distribuent-elles une prime sur résultat ? Et les bonus de 2009 ne sont pas moins illégitimes car ils n’existent que grâce à l’effondrement de l’année précédente et au sauvetage des banques par les Etats, et donc la collectivité.
Non seulement les banques gagnent quand c’est pile, mais quand c’est face, c’est nous qui perdons, et elles continuent à gagner, avec la complicité tacite de tous les gouvernements. Roosevelt, De Gaulle, revenez ! Ils sont devenus fous !
Laurent Pinsolle